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Extrait : "MADAME CARBONEL : Enlève tous ces journaux, Carbonel... Mon salon a l'air d'un cabinet de lecture. CARBONEL : Je t'assure que des journaux font très bien sur une table. MADAME CARBONEL : C'est possible... quand on n'a pas autre chose à y mettre... j'ai mes albums, mon stéréoscope... Il manque un vase avec des fleurs. CARBONEL : Il y en a un dans le salon de madame Césénas."
À PROPOS DES ÉDITIONS LIGARAN
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EAN : 9782335067255
©Ligaran 2015
DUPLAN père, ancien notaire.
CARBONEL.
PÉRUGIN.
MAURICE DUPLAN.
EDGARD LAJONCHÈRE.
JULES PRIÈS, architecte.
CÉSÉNAS.
MADAME CARBONEL.
MADAME PÉRUGIN.
MADAME CÉSÉNAS.
BERTHE, fille de Carbonel.
LUCIE, fille de Pérugin.
JOSÉPHINE, domestique de Carbonel.
UN DOMESTIQUE, muet.
UN JARDINIER.
UN CHASSEUR, en livrée.
De nos jours. – Premier acte, à Paris, chez Carbonel. – Deuxième acte, à Paris, chez Césénas. – Troisième acte, à Montmorency, chez Pérugin. – Quatrième acte, à Courbevoie, chez Duplan père.
Chez Carbonel, salon bourgeoisement meublé. – Une cheminée à gauche. – Une fenêtre à droite. – Portes latérales. – Porte au fond. – Canapé près de la cheminée. – Guéridon au milieu. – Coffre à bois près de la cheminée.
Carbonel, madame Carbonel, Joséphine, puis Berthe.
Au lever du rideau, Joséphine est agenouillée devant la cheminée et allume le feu. Madame Carbonel entre et place des albums, un stéréoscope sur la table du salon, où sont des journaux. Carbonel essuie un candélabre.
Enlève tous ces journaux, Carbonel… Mon salon a l’air d’un cabinet de lecture.
Je t’assure que des journaux font très bien sur une table.
C’est possible… quand on n’a pas autre chose à y mettre… j’ai mes albums, mon stéréoscope… Il manque un vase avec des fleurs.
Il y en a un dans le salon de madame Césénas.
J’en achèterai un pour mercredi prochain.
Décidément, c’est le mercredi que tu as choisi pour être notre jour ?
Sans doute.
Et c’est aujourd’hui notre début… l’inauguration. Crois-tu qu’il nous vienne du monde ?…
Certainement !… j’ai envoyé des cartes à toutes nos connaissances, avec ces mots : Madame Carbonel restera chez elle le mercredi ! »
Oui, et pourquoi pas « monsieur et madame Carbonel ? »
Quand on dit madame… cela signifie monsieur, puisque nous ne faisons qu’un.
C’est juste !
Eh bien, Joséphine, et ce feu ?…
Voilà, madame, il est prêt !
Elle sort.
Il va falloir ouvrir la fenêtre maintenant…
Pourquoi ?
Chaque fois qu’on allume du feu dans le salon, ça fume… dès qu’on ouvre la fenêtre, ça ne fume plus… et, aussitôt qu’on la referme, ça refume… C’est très agréable.
Tu devais voir le propriétaire.
Je l’ai vu.
Eh bien ?…
Il m’a dit : « Que voulez-vous, mon cher ! vous avez un bail… nous verrons cela à la fin de votre bail… »
Mais il a encore huit ans à courir, notre bail.
Nous serons passés à l’état de jambonneau. Montrant la cheminée. Tiens ! voilà que ça commence… je vais ouvrir la fenêtre…
Il va l’ouvrir.
C’est intolérable !
Oh ! ce n’est ennuyeux que le mercredi… à cause de notre jour… car, comme m’a très bien dit le propriétaire, le salon est une pièce qu’on n’habite pas.
Maman, me voilà prête.
Ah ! tu as mis ta robe neuve ?…
Puisque c’est notre jour !
Elle est jolie, ma fille !
Et puis, hier, j’ai rencontré Henriette !
Qui ça, Henriette ?
Madame Césénas… et elle m’a annoncé sa visite pour aujourd’hui !
Les Césénas vont venir !
Saperlotte ! quel dommage que nous n’ayons pas notre vase ! des millionnaires ! les seuls que nous connaissions.
Sais-tu si elle viendra avec sa voiture ?…
Ça, je ne le lui ai pas demandé.
Ça ferait pourtant bien devant la porte.
Et son chasseur !
Oui !… un grand gaillard tout galonné qui reste dans l’antichambre en tenant le paletot de monsieur… C’est magnifique !… Dis donc, ma bonne amie, tu aurais peut-être le temps d’aller acheter le vase ?…
On entend sonner au dehors.
Chut ! on sonne.
Déjà ! il n’est que midi !
Une visite !… je cours mettre mon bonnet.
Et moi, mon habit…
Berthe, tu vas recevoir… nous revenons…
Oui, maman.
Si c’est un monsieur… jeune ! tu lui diras : « Pardon, quelques ordres à donner… » et tu viendras nous rejoindre.
Oui, papa !
M. et madame Carbonel entrent à droite.
Berthe, Duplan père.
Qui est-ce qui peut venir si tôt ?…
On ne m’annonce pas, moi… je suis un ami… sans cérémonie…
Tiens, c’est monsieur Duplan.
Moi-même… j’arrive de Courbevoie. Posant sur le coffre à bois un petit panier qu’il tient à la main. Permettez que je dépose ceci, c’est fragile.
Ah bien, vous avez joliment fait peur à papa et à maman… ils ont cru que c’était quelqu’un.
Vraiment ! Et où sont-ils, ces chers amis ?
Quand papa a entendu sonner… il est allé mettre son habit noir.
Comment ! Carbonel fait des façons pour moi ?
Ce n’est pas pour vous, ah bien, oui ! Mais c’est aujourd’hui mercredi et maintenant, tous les mercredis, papa mettra son habit noir.
Ah ! tous les mercredis !… pourquoi ?…
Vous n’avez donc pas reçu la carte de maman ?
Non…
Au fait, je crois qu’on n’en a pas envoyé aux personnes qui habitent la campagne.
Je suis venu pour parler à Carbonel d’une affaire importante… qui vous concerne un peu…
Moi ?
Voyons, quel âge avez-vous ?…
J’aurai vingt ans dans un mois… Pourquoi ?…
Parfait !… et… entre nous… est-ce qu’il n’est question de rien ?…
De quoi voulez-vous qu’il soit question ?
Dame !… une demoiselle qui va avoir vingt ans… dans un mois…
Pardon… quelques ordres à donner…
Elle entre à droite.
Duplan, puis M. et madame Carbonel, puis Joséphine.
Il n’est question de rien… j’arrive à temps. Apercevant Carbonel et sa femme qui entrent. Ah ! Carbonel… Madame…
Monsieur Duplan…
Que le bon Dieu vous bénisse !… vous nous avez fait peur !… Nous avons cru que c’était quelqu’un.
On me l’a déjà dit…
Vous permettez que j’achève ma toilette ?
Faites donc !… entre nous. Allant prendre son petit panier. La belle madame Carbonel voudra-t-elle me faire l’amitié d’accepter… ?
Qu’est-ce que c’est que ça ?
Des œufs frais… de mes poules.
Ah ! que c’est aimable !
Diable de Duplan ! toujours galant.
Je garantis la fraîcheur… la date est écrite au crayon sur chaque œuf… Chez moi, dès qu’un œuf paraît, je le guette et je le date… En voici trois du 18… deux du 19… mes poules se sont un peu ralenties le 19… mais elles ont repris le 20… en voilà cinq du 20… bonne journée !
Que de remerciments ! Appelant. Joséphine !
Madame !
Mettez ces œufs au frais…
Dans un endroit bien sec… Je vous redemanderai le panier.
Joséphine sort.
Et vous habitez toujours Courbevoie, papa Duplan ?
Mon Dieu, oui ! le paysage est joli… je m’y plais… voilà quarante ans que j’y suis… C’est là que j’ai fait ma fortune, comme notaire… six mille francs de rente.
Ah bah ! pas plus ?…
Il y a très peu de mutations à Courbevoie, et encore moins de contrats de mariage… la garnison n’épouse pas… ce qui, du reste, n’empêche pas la population d’augmenter tous les ans.
Enfin, vous avez là vos petites habitudes, votre maison, vos poules, votre jardin.
Et ma collection de rosiers… la plus belle des environs, j’en ai trois cent vingt-sept espèces…
Il y a tant de rosiers que ça !…
Et je n’ai pas tout !… il me manque la chromatella, la centifolia cristata.
Oh ! quel dommage !
Mais je me les donnerai au jour de l’an… c’est mon seul luxe… je passe ma vie dans ma serre. Apercevant la fenêtre ouverte. Est-ce que c’est exprès que vous laissez votre fenêtre ouverte ?
Oui ; sans cela la cheminée fume. Allant former la fenêtre. Vous allez voir… ça va fumer.
Pourquoi ne faites-vous pas comme moi ? j’avais à Courbevoie une cheminée qui fumait… j’ai fait poser un petit appareil très ingénieux.
Quoi donc ?…
Elle lui fait signe de s’asseoir et s’assied elle-même.
C’est en tôle… ou en zinc… je ne sais pas au juste… ça se place au-dessus de la cheminée… et ça tourne avec le vent… comme un petit moulin… C’est très gentil… je passe des heures à regarder ça… avec ma bonne… Seulement, quand le vent est trop fort, ça dégringole… mais on le repose. Je vous donnerai l’adresse du fabricant… ça coûte vingt-sept francs.
Ce n’est pas cher… mais vous comprenez… quand on n’est pas chez soi.
Nous n’avons pas envie de reconstruire la maison du propriétaire.
Mais on ne vous voit presque plus, papa Duplan !
Que voulez-vous ! je ne viens plus à Paris que tous les six mois, pour toucher mes obligations… Ah ! ce n’est pas comme autrefois… je ne mettais pas le pied dans la capitale, sans aller prendre ma demi-tasse dans votre établissement… au café Carbonel.
Ce cher Duplan… À part. Il a toujours la rage de me parler de mon café !
Je commençais par m’approcher du comptoir, pour rendre mes hommages à la belle madame Carbonel… comme nous vous appelions alors…
Vraiment !…
Vous étiez majestueuse… en manches courtes… trônant au milieu de tous vos petits tas de sucre.
C’est bien… il est inutile de rappeler…
Ah ! je ne vous le cache pas… j’ai un peu soupiré pour ous… Du reste, nous soupirions tous… les habitués !…
Taisez-vous, mauvais plaisant !
Et papa Carbonel le savait bien !
Moi ?
Car, à partir du jour où il s’en est aperçu, ses demi-tasses n’avaient plus que trois morceaux de sucre au lieu de quatre.
Ah ! quelle idée… ce n’est pas cela… Mais, si je n’avais pas eu un peu d’ordre, je ne serais jamais parvenu à me retirer avec trente mille livres de rente…
Trente mille livres de rente… c’est joli !… surtout quand on n’a qu’une fille… qui est déjà une grande demoiselle.
Vingt ans… ça ne nous rajeunit pas…
Ça nous pousse… c’est ce que je me disais hier en regardant Maurice.
Maurice ?…
Mon fils…
Au fait, c’est vrai, vous avez un fils… vous l’avez amené une fois au café avec vous.
Il avait huit ans… je lui ai fait prendre un canard dans mon café, À Carbonel. Un de vos trois morceaux… À madame Carbonel. Vous l’avez fait entrer dans le comptoir et vous avez daigné l’embrasser… vous-même.
Je m’en souviens parfaitement… et qu’est-il devenu ? qu’est-ce qu’il fait ?
Il fait ses dents de vingt-sept ans… c’est un grand monsieur aujourd’hui… beau garçon, distingué, instruit, qui a voyagé… c’est ce qui fait que je songe à le marier.
Ah !
Et, ce matin, en voyant votre fille… il m’est venu une idée…
Ah ! mon Dieu ! une demande en mariage.
Vous ne devinez pas ?
Non ! À part. Un père de six mille francs de rente ne me va pas.
Carbonel, j’irai droit au but.
Tiens ! voilà la cheminée qui fume… la fenêtre est fermée… elle fume !
Ça ne me fait rien… Carbonel, j’irai droit au but.
Monsieur, madame et mademoiselle Pérugin.
Il était temps !
Que le diable les emporte !…
Les mêmes, M. et madame Pérugin, Lucie.
Ah ! que vous êtes aimable, chère belle !… Embrassant Lucie. Bonjour, mon enfant !
Madame…
Asseyez-vous donc… Carbonel, une bûche… Joséphine, un tabouret.
Carbonel met une bûche dans la cheminée ; Joséphine place un tabouret sous les pieds de madame Pérugin et sort.
J’attendrai qu’ils soient partis.
Est-ce que Berthe est sortie ?
Non, elle doit être de l’autre côté, à son piano.
Je vais la retrouver… j’ai justement apporté un morceau délicieux… la Rêverie de Rosellenn… nous allons le déchiffrer ensemble !
Va, mon enfant.
Les mêmes, hors Lucie.
Voyons, avez-vous déjà reçu beaucoup de visites pour votre jour d’inauguration ?
Vous êtes les premiers… nous n’avons vu absolument personne, indiquant Duplan, qui est assis à l’écart. que mon sieur… Le présentant. M. Duplan de Courbevoie.
Il s’assied près de sa femme, tournant le dos à Duplan.
Madame… monsieur…