Mon Ismenie ! - Eugène Labiche - E-Book

Mon Ismenie ! E-Book

Eugène Labiche

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Beschreibung

Extrait : "CHIQUETTE, seule, brossant un habit: On peut dire que voilà un drap moelleux... on voit bien que c'est un habit de prétendu... ah ! c'est que je m'y connais!... depuis quelque temps, le prétendu se brosse beaucoup dans cette maison!... Ces pauvres jeunes gens... ils arrivent tout pimpants, ils se croient sûrs de leur affaire... et au bout de quelques jours... v'lan! M. de Vancouver les fiche à la porte comme si c'étaient des orgues de Barbarie!..."À PROPOS DES ÉDITIONS LIGARANLes éditions LIGARAN proposent des versions numériques de qualité de grands livres de la littérature classique mais également des livres rares en partenariat avec la BNF. Beaucoup de soins sont apportés à ces versions ebook pour éviter les fautes que l'on trouve trop souvent dans des versions numériques de ces textes. LIGARAN propose des grands classiques dans les domaines suivants : • Livres rares• Livres libertins• Livres d'Histoire• Poésies• Première guerre mondiale• Jeunesse• Policier

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EAN : 9782335055207

©Ligaran 2015

Mon Isménie !

COMÉDIE

EN UN ACTE, MÊLÉE DE COUPLETS

Représentée pour la première fois, à Paris, sur le théâtre du PALAIS-ROYAL, le 17 décembre 1852.

Un salon. – Porte principale au fond. – Portes latérales. – Dans les deux pans coupés, deux autres portes, vitrées et garnies de rideaux blancs : celle de gauche conduit à la salle à manger celle de droite sur une terrasse. – Chaises. – Fauteuils. – Une petite table à chaque premier plan contre la cloison. – Sur celle de gauche, un vase sans fleurs.

Personnages

DE VANCOUVER.

DARDENBŒUF, prétendu d’Isménie.

GALATHÉE, sœur de Vancouver.

ISMÉNIE, fille de Vancouver (24 ans).

CHIQUETTE, bonne.

La scène est à Châteauroux, chez Vancouver.

Scène première

Chiquette, puis Vancouver.

CHIQUETTE,seule, brossant un habit

On peut dire que voilà un drap moelleux… on voit bien que c’est un habit de prétendu… ah ! c’est que je m’y connais !… depuis quelque temps, le prétendu se brosse beaucoup dans cette maison !… Ces pauvres jeunes gens… ils arrivent tout pimpants, ils se croient sûrs de leur affaire… et au bout de quelques jours… v’lan ! M. de Vancouver les fiche à la porte comme si c’étaient des orgues de Barbarie !… et mademoiselle Isménie reste fille ! (Posant l’habit sur une chaise, près de la porte à droite.) Voilà toujours l’habit du jeune homme… Il dort encore… c’est pas étonnant, il est arrivé hier soir de Paris… Aujourd’hui, monsieur lui fera voir la cathédrale… demain l’embarcadère du chemin de fer… et après demain, bon voyage, monsieur Dumollet !

VANCOUVER,ouvrant mystérieusement la porte vitrés de gauche

Chiquette ! Chiquette !

CHIQUETTE

Tiens ! monsieur qui est déjà levé !

VANCOUVER

Oui, je ne tiens pas en place. – Est-il réveillé ?

CHIQUETTE

Qui ça ?

VANCOUVER

M. Dardenbœuf.

CHIQUETTE

Le Parisien ? pas encore.

VANCOUVER

Tu es entrée dans sa chambre ?

CHIQUETTE

Oui, monsieur, pour prendre ses habits.

VANCOUVER

Eh bien… comment le trouves-tu ?… affreux, n’est-ce pas ?

CHIQUETTE

J’ai pas regardé… il était dans son lit.

VANCOUVER

Bécasse ! on regarde toujours.

CHIQUETTE

Impossible, monsieur, je m’ai mis sur les rangs pour être rosière.

VANCOUVER

Ronfle-t-il ?… Horriblement ! tant mieux !

CHIQUETTE

Je ne sais pas.

VANCOUVER

Porte-t-il un bonnet de coton ?… Jusqu’au menton… tant mieux !

CHIQUETTE

Mais je ne le sais pas.

VANCOUVER

Ah ! quelle brute !… elle ne sait jamais rien !

CHIQUETTE

Puisque je m’ai mis sur les rangs…

VANCOUVER

Va-t’en !… tu m’inspires de l’aversion !

Elle sort à gauche.

Scène II

Vancouver, seul.

Il pousse un soupir.

Heu !… je suis triste !… c’est au point que je ne connais pas dans les murs de Châteauroux un Berrichon plus triste que moi… Ma position n’est pas tenable… je me promène avec un ver dans le cœur… (Au public.) Pardon… avez-vous vu jouer Geneviève ou la Jalousie paternelle ?… Non ?… Eh bien, voilà mon ver !… la jalousie !… Je suis père… j’ai une fille âgée de vingt-quatre printemps à peine… et ils prétendent que c’est l’âge de la marier !… à vingt-quatre ans ! Mais ne me suis conjoint qu’à trente-huit, moi !… et j’étais précoce !… Alors, ma maison est assaillie par un tas de petits gredins en bottes vernies… qu’on intitule des prétendus, et que j’appelle, moi, la bande des habits noirs !… car enfin, ce sont des escrocs… je ne leur demande rien, je ne vais pas les chercher… qu’ils me laissent tranquille… avec mon Isménie !… C’est incroyable !… on se donne la peine d’élever une fleur… pour soi tout seul… on la cultive, on la protège, on l’arrose de petits soins… de gants à vingt-neuf sous, de robes à huit francs le mètre… on lui apprend l’anglais, à cette fleur !… la musique, la géographie, la cosmographie… et, un beau matin, il vous arrive par le chemin de fer une espèce de savoyard, que vous n’avez jamais vu… il prend votre fleur sous son bras et l’emporte en vous disant : « Monsieur, voulez-vous permettre ? nous tâcherons de venir vous voir le dimanche ! » Et voilà !… vous étiez père, vous n’êtes plus qu’une maison de campagne… pour le dimanche ! Infamie ! brigandage !… Aussi, le premier qui a osé me demander la main d’Isménie… j’ai peut-être été un peu vif… je lui ai donné mon pied !… Malheureusement, ma fille veut se marier… elle pleure… elle grogne même… Je ne sais plus comment la distraire… tantôt, je lui fais venir de la musique nouvelle… tantôt des prétendus difformes… auxquels je donne des poignées de main… les cosaques ! Je les examine, je les scrute, je les pénètre, je leur trouve une infinité de petits défauts… dont je fais d’horribles vices ! et, au bout de quelques jours, je leur donne du balai… poliment. (Regardant la porte à droite.) Dans ce moment, j’attends l’animal qui est arrivé hier au soir… c’est ma sœur qui l’a présenté, celui-là ; il faudra prendre des mitaines, et dorer le manche à balai. Elle est riche, ma sœur… demoiselle et pas d’enfants ! c’est à considérer. (Regardant la porte de droite.) Ah çà ! est-ce que cette grande patraque ne va pas se lever ? sept heures et demie !… grand lâche ! gros patapouf !… j’éprouve un besoin féroce de l’éplucher !… je veux le gratter comme un salsifis !… (Apercevant l’habit sur la chaise.)