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Extrait : "MADAME GALIMARD, seule, à la cantonade : C'est bien !... je vous ai payé vos huit jours... ne revenez jamais !... Hein ?... vous n'êtes qu'une sotte, une péronnelle ! GALIMARD entre en appelant : Jeannette ! Jeannette ! MADAME GALIMARD : Je viens de la mettre à la porte, votre Jeannette !"À PROPOS DES ÉDITIONS LIGARANLes éditions LIGARAN proposent des versions numériques de qualité de grands livres de la littérature classique mais également des livres rares en partenariat avec la BNF. Beaucoup de soins sont apportés à ces versions ebook pour éviter les fautes que l'on trouve trop souvent dans des versions numériques de ces textes. LIGARAN propose des grands classiques dans les domaines suivants : • Livres rares• Livres libertins• Livres d'Histoire• Poésies• Première guerre mondiale• Jeunesse• Policier
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Seitenzahl: 41
EAN : 9782335055245
©Ligaran 2015
Le théâtre représente une salle à manger. – Porte au fond. – Deux portes latérales au premier plan. – Sur le deuxième plan, à la droite du public, une porte conduisant à la cuisine. – Deux petits meubles au fond, un de chaque côté de la porte. – Une table à droite, premier plan. Un petit guéridon à gauche, premier plan.
ANTONY, garçon chez Véry.
ANATOLE GALIMARD, rentier.
ALEXANDRE, officier de spahis.
MADAME GALIMARD.
La scène se passe chez Galimard.
Madame Galimard, seule, à la cantonade.
C’est bien !… je vous ai payé vos huit jours… ne revenez jamais !… Hein ?… vous n’êtes qu’une sotte, une péronnelle !
Monsieur et madame Galimard.
Jeannette ! Jeannette !
Je viens de la mettre à la porte, votre Jeannette !
Comment ! une si bonne fille ! la renvoyer… un jour où j’attends du bois !
Je l’avais prise pour tout faire, et mademoiselle refuse de vernir le ceinturon de notre cousin Alexandre, sous prétexte qu’il est militaire.
Le ceinturon ! le ceinturon ! que diable ! ce n’est pas l’affaire d’une bonne… c’est l’affaire d’un tambour… Jeannette n’est pas un tambour.
Aussi je compte prendre un domestique mâle.
Ah ! bah !
Je l’attends aujourd’hui… ma tante doit me l’envoyer.
Allons, bon ! une figure nouvelle ! un jour où j’attends du bois !
Justement ! un homme est plus fort… il pourra vous aider.
C’est égal !… elle m’allait, moi, cette Jeannette ! j’étais habitué à lui dire : « Jeannette, ma camomille !… Jeannette, ma bourrache !… Jeannette !… » tandis que je vais avoir là un grand gaillard, avec de la barbe…, comme moi… qui sera électeur… comme moi…, et qui ne votera pas comme moi !… et tout ça pour le ceinturon du cousin Alexandre, que le diable emporte !
Monsieur Galimard, parlez avec plus de respect d’un jeune officier de l’armée d’Afrique qui est mon : parent.
Je n’attaque pas l’armée d’Afrique ; mais c’est très désagréable pour un mari de rencontrer dans tous les coins de sa maison un spahi… et qui te regarde avec des yeux… de spahi !
Que voulez-vous dire ?
Je n’attaque pas l’armée d’Afrique ; mais je trouve que le semestre du cousin se prolonge bien longtemps… voilà huit mois qu’il dure, le semestre du cousin !
Il a obtenu une prolongation.
Ça ne serait rien encore, s’il se contentait de prendre ses repas, son absinthe, son café, son petit verre, et cætera, et cætera… Mais il est toujours là, entre nous deux… comme un mur mitoyen.
Eh bien ?
Eh bien, c’est ennuyeux de ne pouvoir être seuls… qu’à trois !… (Amoureusement.) Si, au moins, quand la blanche Phœbé…
Qu’est-ce que c’est que ça ?
La lune ! (Continuant.)… descend sur l’horizon, vous vous montriez moins cruelle.
Ah ! nous y voilà !
Caroline ! vous dormez d’un côté, et moi de l’autre !… deux chambres…
C’est de bon ton, c’est l’usage chez les gens comme il faut. Vous avez reconnu vous-même que cet arrangement était nécessaire… à cause de votre rhume… Impossible de fermer l’œil… vous toussez !…
Oui, mais je suis guéri !… je ne tousse plus !… (Tendrement.) Caroline ! je ne tousse plus… au contraire… maintenant, je soupire… si tu savais comme je soupire !
Vous n’êtes pas honteux… à votre âge !
L’âge n’y fait rien !… Regarde Ninon de l’Enclos ?
Monsieur Galimard, vous n’êtes qu’un mauvais sujet ;
Qu’elle est belle, ma femme !… Ah ! je suis bien fâché de m’être enrhumé cet hiver !
Eh bien, qu’attendez-vous là ?
Rien ! J’étais venu chercher de l’eau pour ma barbe ; mais, puisque Jeannette n’y est plus…
Donnez, je vais vous en faire chauffer.
Elle remonte vers la cuisine.
Caroline ?
Quoi ?
Rends-moi le petit passe-partout qui ouvre…
Laissez-moi ! vous êtes fou.
ENSEMBLE.
AIR de la Polka d’Auvergne. (Lait d’ânesse.)
Madame Galimard entre dans la cuisine, au deuxième plan, à droite.
Galimard, seul.